Retour chez elle

Déjà dix ans étaient passés depuis qu’Oniria avait vu ce lieu pour la dernière fois. Elle ne voulait pas revoir dans sa tête ce qui c’était passé ce jour là. Le jour le plus affreux de l’histoire des magiciens des rêves, un cauchemar devenu réalité. Elle ne pouvait croire qu’elle était la seule survivante, la seule personne à être capable de s’enfuir au bon moment. Pourquoi moi? Pourquoi pas ces jeunes talents qui méritaient tellement de vivre? Ou pourquoi pas un aîné, avec toutes ses connaissances? Elle s’en voulait, mais elle en voulait encore plus aux anges qui avaient commis ce massacre. Et à ceux qui l’avaient ordonnés. Surtout ceux-là.

Mais quelque chose l’avait attiré ici aujourd’hui. Elle était en train de nourrir les jeunes orphelin qui, comme elle, n’avaient plus de famille. Ils sont ensemble au moins. Je n’ai absolument personne. À peine avait elle formulé cette qu’une tornade de rêve et d’émotions l’avait frappée, la forçant à s’enfuir en faisant presque tomber les enfants autour d’elle. Elle devait y aller.

Elle apparut sur les restes d’un mur, à plus de 10 mètres d’altitude. Peu importe, quand on a ressenti les peurs brutes des cauchemars, plus rien d’aussi trivial ne l’effrayait. Mais elle n’était pas seule. Une petite troupe de gobelins avaient établis leur base ici, profanant la mémoire de sa famille.

Sans dire un mot, elle projeta sa conscience dans les rêves, et chercha le cauchemar qui lui serait le plus utile à ce moment. Le voila, un trio de morts-vivants capables de déchiqueter toute menace mineure. Ces pauvres gobelins n’eurent même pas le temps de réfléchir que ces horreurs les mettaient en miette, beaucoup plus rapidement que ce que des zombies traditionnels pourraient faire. Mais ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’un danger la guettait, et elle s’en rendit compte dès que les créatures repartirent d’où elles venaient…

Oniria attendit la perte de puissance qui venait avec ce genre d’exercice, mais rien n’aurait pu la préparer à ce qui suivait. La même tornade onirique que plus tôt l’assaillit, mais avec encore plus d’intensité, et à un moment où elle ne pouvait se défendre. La douleur lui arracha un cri, puis elle perdit pied et tomba…

Cette vielle tour en ruine, perdue dans les bois, sembla parfaite à Imki quand il l’a découvrit durant son errance solitaire. Les villageois étant aussi hostiles que les bêtes sauvages rôdant dans la forêt, le magicien banni pensait avoir enfin trouvé un lieu calme où il pourrait s’abriter, voir même s’installer le temps de trouver solution à ses problèmes. La bâtisse étant vaste, il n’eut aucunement connaissance de la présence des gobelins aux étages supérieurs, et ceux-ci n’eurent pas même conscience de son existence. Incapable de chasser, voir même de faire un feu, mais possédant une savoir remarquable sur la végétation, le jeune homme n’avait d’autre choix que de s’imposer un maigre régime basé sur les plantes. Maigrissant à vu d’œil et devenant d’une faiblesse maladive, il devait dormir de plus en plus longtemps, récoltant tout juste assez d’énergie pour survivre.

Aussi fut-il lui-même impressionné de son audace quand, au retour d’une cueillette de champignons, il accourut vers le soudain cri. La vue d’une femme tombant de la tour où il avait élu domicile le glaça d’effroi, mais il garda un sang froid étonnant. Aussitôt, il ralentit sa chute grâce à ses pouvoirs de télékinésie, déviant sa trajectoire pour la faire atterrir dans un bosquet de sapins touffus, espérant que les branches adouciraient l’atterrissage. Puis, il se précipita vers elle. L’inconnue était encore au sol et ne bougeait pas… Était-elle… Morte? Le magicien s’assit près d’elle, se penchant au-dessus de son visage pour poser deux doigts sous sa mâchoire. Il soupira intérieurement de soulagement en sentant un pouls, un souffle sur son visage lui confirmant qu’elle respirait encore. Outre quelques bleus, elle était indemne. Imki sourit faiblement, les paupières soudain lourdes après le soudain afflux d’adrénaline qui l’avait parcouru. Il était tellement faible, même le sort peu puissant qu’il avait utilisé avait réussi à le vider de ses forces. Impossible de la traîner jusqu’à son repère, il avait lui-même de la difficulté à marche. Au moins sûr que l’étrangère était en sécurité, du moins pour le moment, Imki s’écroula à ses côtés et s’endormit aussitôt.

Monstres sanguinaires. Puissante lumière. Puis des ténèbres profondes. Un tourbillon de douleur, de peur, de haine. Tout était étrange, mais familier à la fois. Puis elle arriva dans l’œil du cyclone, le centre du rêve, où tout était plus intense, mais plus calme. Une tour, légèrement déformée. Des formes lumineuses. Menaçantes. Une barrière infranchissable. Elle sut enfin où elle était.

Ce rêve était le mélange de toute la puissance déchaînée en ces lieux par les oniromanciens, enfin libérée, multipliés par les cauchemars des anges qui commirent ce crime horrible contre la manifestation même des rêves en ce monde. Ce n’était pas étonnant qu’elle n’ait pas eu une seule chance contre ce véritable vortex. Mais il fallait qu’elle voie ce qu’il voulait lui montrer. Parce que c’était évident qu’il y avait quelque chose à voir.

Elle retrouva la même brèche que la dernière fois, puis y pénétra en sens inverse. Dans la tour, ses frères, ses sœurs, sa famille, se faisait assassiner de tout côté. Mais ce n’était pas ça qui la troublait le plus. C’était le sourire sur leur visage. Puis, le vortex disparu, aussi rapidement qu’il était apparu.

Oniria se réveilla. Où était-elle déjà? Ah oui. La tour. Elle était tombée. Mais comment avait-elle survécu une telle chute? Comment ce faisait-il qu’elle ne ressente pas la douleur de dizaines d’os brisés? Elle ouvrit les yeux, se redressa un peu, puis regarda autour d’elle. Un jeune homme était couché à côté d’elle. Il l’avait probablement attrapée pendant sa chute. Mais à son teint, elle voyait qu’il était malade, et il n’avait probablement pas pu soutenir l’effort. Elle s’approcha et regarda le visage du garçon de plus près. Il devait avoir entre 18 et 20 ans. Elle voulait lui parler, mais le réveiller physiquement ne serait peut être pas une bonne idée. Elle se glissa alors dans son rêve.

Ses rêves étaient fous, indomptés, sauvages, remplis d’émotions. Un peu comme le vortex, mais en beaucoup moins intense. D’un simple geste, elle fit l’ordre dans la tête du garçon. Imki Sipate, comme la conscience du jeune le lui disait. C’était la campagne. Imki était assis dans l’herbe verte de la prairie. Il était enlacé à un autre garçon. Dommage que je dois lui couper ce moment de répit. Mais c’est pour son propre bien. Elle s’approcha d’eux, pris Imki par le collet et le mit debout.

-Je suis désolée, chéri, mais tu dois revenir à des affaires plus sérieuses. N’oubli pas, tu es en train de mourir, dit-elle d'un ton autoritaire mais doux.

Instantanément, le rêve fut coupé. D’abord l’autre garçon disparut, puis le reste du rêve. Ils retournaient à la réalité.

Pour la première fois depuis son renvoi du monastère, Imki fit un beau rêve. Il était dans les champs cultivés de Gux, au temps où ce dernier il fournissait l’abbaye en produits agricoles. Lui et son ancien ami étaient étendus au pied d’un vieux chêne, que le fermier avait laissé au milieu de ses terres. Ils étaient serrés l’un contre l’autre, le sourire aux lèvres, dans une parfaite image de quiétude. C’est alors que l’étrangère apparue et l’arracha des bras de Guximo, lui disant qu’il étant temps qu’il songe à des choses plus sérieuses car il risquait de mourir. L’effet fut immédiat et le magicien ouvrit brusquement les yeux… pour se retrouver nez à nez avec la jeune fille. Un long moment, il resta immobile, à la fixer. La haine… Son regard, le regard de l’adolescente, était dépourvu de haine. C’était la première fois qu’un humain le regardait ainsi. Comme… un égal, pas comme un quelconque être diabolique.
- Je suis heureux que tu ailles bien... lui dit-il, brisant le silence qui s’était installé.

Le transfert forcé avait mieux réussi qu’elle l’avait espéré. Habituellement il s’en suit un léger choc dû au subconscient qui se débat, mais le jeune homme était peut être trop faible pour avoir même essayé. Mais peu importe pour l’instant.

-Ce n’est pas de moi qu’il faut se préoccuper, je vais bien, mais de toi. Il me semble que tu as négligé t’as nutrition, jeune homme, il va falloir te restaurer, sinon tu va mourir. Personne ne t’a jamais appris comment manger?

Sa voix n’était plus douce comme dans le rêve, mais emplie de reproches, comme une mère qui réprimande un fils. Ce Imki lui faisait pensé aux jeunes apprentis téméraires qui s’aventuraient dans le rêve pendant plusieurs jours et en oubliait même de manger. Il fallait les remettre dans la bonne voie avant qu’ils ne meurent de faim. Puisque, de toute manière, la nourriture onirique est aussi nutritive que la véritable nourriture. C’est un élément de base du monde des rêves, que tout véritable oniromancien peut invoquer sans véritable difficulté de la nourriture. Elle le fit donc prestement, faisant apparaître un plateau rempli de victuailles toutes aussi alléchantes les unes que les autres.

-Voilà, il faut bien que je te sauve à mon tour, de cette façon je ne vais plus avoir de dette envers toi.

Bien qu’elle apprécia le jeune homme, elle ne voulait pas trop s’attarder, de peur de tisser des liens avec quelqu’un qui lui rappelle trop ses anciens élèves et elle aurait trop peur d’en perdre un à nouveau.

Imki écouta sans ciller les reproches de l’étrangère. Elle était tellement différente des autres personnes qu’il avait rencontré jusqu’alors durant son exile. Son apparence, d’abord. Elle n’avait rien d’une paysanne, ni d’une bourgeoise, et rien n’expliquait ce qu’elle faisait au sommet de la tour, ni quand et comment elle s’y était retrouvée. De plus, elle le mettait étrangement mal à l’aise, sans qu’il ne sache pourquoi, mais parallèlement, sa présence avait quelque chose de rassurant. Peut-être une magicienne, mais certainement pas de la même branche de famille que lui. Son attitude protectrice à son égard, alors qu’il était majeur et elle encore adolescente, avait aussi quelque chose d’attendrissant, un peu comme s’ils s’étaient toujours connu, alors qu’il ne connaissait même pas son nom. Apparu soudain par magie un plateau recouvert de mets aux odeurs délicieuses. Plus de doute maintenant, la jeune femme était magicienne. Imki papillonna les yeux de surprise, tout en gardant son éternel visage calme et peu expressif. Jamais il n’avait vu pareille magie auparavant, ni n’en avait entendu parler. Il faut dire que lui et ses anciens confrères n’étaient jamais sortis aussi loin du monastère.

Le jeune homme leva ses yeux noisette sur la jeune étrangère et lui offrit un petit sourire de remerciement.
- Vous n’avez aucune dette envers moi, j’ai toujours donné sans rien attendre en retour. Mais si cela peu vous faire plaisir et apaiser votre conscience…
Un borborygme sonore venant de son ventre le coupa dans sa phrase et lui arracha un sourire rieur. Son estomac avait clairement manifesté sa gratitude envers la mystérieuse magicienne. Mais Imki savait parfaitement qu’après une semaine de privation, manger trop soudainement lui provoquerait la nausée. Aussi préféra-t-il ne se servir qu’un peu de soupe et une tranche de pain, au risque de blesser la jeune fille, qui lui avait si gentiment servit un tel repas.
- Je vous remercie, demoiselle… ?
Connaître son nom ne lui servirait pas à grand-chose, puisqu’ils ne se reverraient peut-être jamais. Les agissements de l’étrangère, bien que fort aimable, lui montraient bien qu’elle voulait en finir rapidement pour se remettre en route. Mais il voulait savoir qui était cette personne, la première à ne pas l’avoir regardé avec dégoût ou animosité. Qui sait s’ils se reverraient un jour, après tout. Inconsciemment, Imki espérait que oui. Pour un bref moment de sa vie solitaire depuis qu’on l’avait banni, il avait retrouvé un peu de son bonheur perdu.

Beaucoup d'années s'étaient écoulées. Tifa ne s'était aventurée aussi loin qu'une seule fois. Mais aujourd'hui, elle était bien décidé à se sortir de son statut d'hermite. La jeune femme marchait doucement parmis les arbres. Elle avançait d'un pas à la fois ferme mais calme et lent. Ses longs cheveux noirs lui tombaient lourdement sur les épaules. Dans la lueur qui pénétraient à travers les arbres fournis, on aurait pu croire à une apparition céleste. Mais la beauté de Tifa cachait un être instable et même dangereux. Ses pieds ne s'arrêtaient pas, gardant toujours la même cadence. Tifa ne détournait pas le regard, elle marchait la tête bien haute.

La dernière fois qu'elle s'était éloigné à ce point des profondeurs de la forêt, elle avait retrouvé sa famille massacrée. Elle revit brièvement son père étendu parmis les arbres dans son propre sang et se hâta de chasser cette pensée de sa tête. Enfin elle quitterait cette endroit pour rejoindre le vrai monde. Elle continuait d'avancer, imperturbable. Elle savait que non loin d'ici se trouvait une tour. À vrai dire, la tour était plus près que dans ses souvenirs, et après une trentaine de pas Tifa se retrouvait devant l'imposante structure. Elle passa doucement la main sur le mur de briques. Elle observa longuement la tour. Elle pouvait sentir une présence à l'intérieur, une présence qui ne se montrait pas hostile.

Tifa continua de contempler la tour. Enfin, le désir de la visiter se fesant de plus en plus intense, elle s'y engoufra, espérant du fait même rencontrer un autre vivant. Elle était seule depuis si longtemps que pour l'instant, elle n'avait aucunement l'envie de faire du mal à qui que se soit...

Oniria lui fit un grand sourire. Il semblait vraiment croire qu’elle avait seize ans. Mais bon, tout le monde croit qu’elle a seize, donc c’est un peu normal.

-Bien sur que j’avais une dette envers toi, mais plus maintenant, alors la question ne se pose plus. De toute façon, ton corps semble vouloir le contraire.

Elle le regarda manger pendant un moment. Comme cela, il ressemblait vraiment aux orphelins qu’elle venait d’abandonner. Puis, elle se leva, épousseta un peu ses vêtements, posa ses mains sur ses hanches d’une manière un peu « tomboy ».

-Oniria, tu peux m’appeler Oniria. Et toi, tu es Imki Sipate, et tu viens d’une région de plaines et tu y as abandonné ton amour…

Elle allait continuer, mais elle entendit un bruit. Elle ne pensait pas que c’était dangereux, mais de toute façon, après son effort d’invocation, la légère manipulation du rêve d’Imki et la production de vivres, il ne lui restait pas une grande réserve d’énergie, malgré le fait qu’ils aient été inconscients pendant un certain temps. De toute manière, si c’était une menace vraiment dangereuse, elle pourrait improviser avec les moyens du bord.

-Qui est là? demanda-t-elle simplement, sans vraiment savoir quoi dire.

La voix d'Oniria résonna en échos contre les murs de la vaste mais déserte tour. Tifa continua d'avancer sans broncher, elle ne parlerait pas tant qu'elle ne verrait pas qui lui demandait son nom. Plus elle approchait d'eux, plus le bruit de ses pas devenaient plus bruyant. Puis elle les vit. Une fille était debout aux côtés d'un homme qui lui, était assis sur le sol. Tifa continua de s'approcher d'eux, et ne s'arrêta que lorsqu'elle ne se trouvait qu'à une dizaine de pas d'eux. Elle s'immobilisa et les contempla longuement. Tifa ne semblait pas hostile, mais elle ne semblait pas non plus être dépourvu de toute menace. Le fait qu'elle arrivait comme cela de nul part était probablement le plus étrange, mais elle s'en foutait un peu. Ils étaient les premiers êtres vivants qu'elle rencontrait depuis trop d'années déjà...

"Je me nomme...Tifa..."

Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre, mais elle sentait que les deux êtres possédaient des capacités magiques très spéciales...

Je devrais prendre comme habitude de mieux m’arranger. Devant cette femme j’ai sûrement l’air assez fripée. Mais bah, de toute façon, je viens d’avoir une chute assez mouvementée. Lorsqu’Oniria vit arrive la jeune femme elle se sentit légèrement amenuisée par sa beauté franche. Elle n’a pas vraiment à en être jalouse, mais son apparence glauque, commune aux oniromanciens, en a repoussé plusieurs.

-Bonjour Tifa. Je m’appelle Oniria. Et ceci est, ou plutôt était, ma demeure. J’en suis l’unique propriétaire malgré son léger… manque d’entretien ces dernières années. Cela veut dire que je suis votre hôte ici et que si vous voulez quelque chose, n’hésitez pas à me le demander.

De cette manière, elle voulait montrer à Tifa qu’elle était la bienvenue ici, mais qu’elle ne pourrait pas faire ce qu’elle voulait. De toute façon, elle n’avait pas l’air bien menaçante pour l’instant, seulement un peu troublée. Peut-être que c’est une ermite. Mais même si elle voulait en savoir plus, elle n’en avait pas le pouvoir pour l’instant, sauf par les voies conventionnelles. Mais une résonance dans son esprit lui chuchotait qu’elle ne devrait pas baisser sa garde en compagnie de cette dame, peut à cause justement de la certaine instabilité qu’ont certains ermites. En pointant le jeune homme assis à côté d’elle, elle continua d’un ton plutôt rieur :

-Voici Imki Sipate, un voyageur, mais qui ne semble pas vraiment être habile à entretenir sa propre vie…

Tifa les observa longuement. Son regard était dépourvu d'expression. Ses yeux profonds se promenaient d'un individu à l'autre. Donc cette tour, qu'elle avait souvent aperçue, était la demeure de cette femme Oniria. Tifa ne put s'empêcher de se demander pourquoi n'avait-elle pas eu un endroit comme celui-ci elle aussi, mais elle n'étais pas du genre jalouse et n'enviait pas cette endroit. Une énergie bien semblable émanait des deux êtres se trouvant devant elle. Tifa pouvait ressentir leur passé mouvementé. Elle sourit légèrement, se disant qu'elle réussirait probablement à s'intégrer avec facilité dans cet univers qui était désormais le sien également...

"Heureuse de faire votre connaissance..."

Son ton lui aussi était dépourvu d'expressions. Elle ne tenait pas à se faire d'ennemie maintenant. Elle ne faisait que son entrée dans ce monde, et elle voulait pouvoir observer et juger, savoir ce qu'elle ferait avant de le faire, elle ne désirait pas non plus se faire d'allié pour l'instant, de toute façon, ceux qui voudraient l'approcher, allaient devoir travailler dur pour pénétrer ses défenses...

Imki, sur le coup de la surprise, était resté passablement silencieux jusqu’à maintenant. D’abord, le fait qu’Oniria semblait en connaître beaucoup sur sa vie, alors qu’il ne l’avait jamais vu avant. En particulier sur le sujet de Guxsimo… Puis, il y avait la soudaine arrivée de la dénommé Tifa, alors que le magicien n’avait vu personne rôdé dans les parages depuis qu’il s’était établie dans les ruines. Finalement, le fait de savoir que cette tour était en fait la demeure de l’adolescente le laissait mal à l’aise. Il s’était installé sans même se demander si l’endroit était habité, mais il avait réellement cru que l’endroit était abandonné depuis longtemps. L’impression d’être un intrus, un envahisseur, lui était particulièrement déplaisant et l’exilé eu la soudain envi de disparaître. Plus encore quand Oniria lui rappela l’état pitoyable dans lequel il était. Pouvait-elle seulement savoir que les siens l’avait rejeté? Qu’il ne connaissait rien à la survie en forêt, n’étant qu’un simple érudit ? Aux salutations de l’arrivante, il fit un timide hochement de tête, n’osant prononcer le moindre mot, alors qu’il finissait lentement sa soupe.

Son impression semblait exacte. Cette Tifa ne semblait pas la plus commode des femmes. Mais elle n’étais toujours pas menaçante, c’étais déjà ça. Et elle ne voulait pas que ça change. Pas besoin de socialiser autant en si peu de temps. Même si ça pourrait faire changement à ces dix dernières années, durant lesquelles elle n’a pas tissé de réel lien. De toute façon, tout va aller comme ça va aller, je ne peux pas y faire grand-chose à mon niveau d’énergie.

-Alors bienvenue, Tifa. Les derniers habitants étaient des gobelins, mais je ne pense pas pour le temps que je vais rester ici que ça ne change grand-chose. Je ne suis pas venu ici depuis au moins dix ans, cette tour appartenait à ma famille. Je suis seulement venu faire une visite, et par chance, parce qu’il serait probablement mort de faim.

Cela aurait pu être drôle, s’il n’y avait pas eu un danger plus immédiat. La bande de gobelins n’était pas seule. Leurs maîtres orques, plus gros et plus forts, étaient arrivés un peu plus loin. Et ils les avaient vu. Et ils n’avaient pas l’air d’avoir de très bonnes intentions. Comme si elle avait besoin de ça, il lui restait à peine assez d’énergie pour matérialiser un objet d’assez petite taille. Ce qu’elle fit prestement. Une épée courte, stylisé dans un style gothique s’alliant à merveille à son apparence, apparu dans ses mains.

-N’avancez pas, monstres! Je sais me servir de cette lame! Si vous faites un pas de plus, vous le regretterez. Je suis maîtresse dans l’art du combat!

Ce n’était pas tout à fait vrai. Tout ce qu’elle savait du maniement d’arme était ce qu’elle avait absorbé des rêves, ce qui était bien peu. Elle connaît les bases, mais rien d’autre. Mais rien ne vaut l’intimidation dans les cas extrêmes. Mais ces orques semblaient trop stupides pour le remarquer, et ils se mirent même à charger vers les trois humains…

Tifa écouta vaguement ce que lui disait Oniria. Quelque chose d'autre attirait son attention. Une bande d'orcs venaient d'arriver. Ne manquait plus rien que cela. Il y en avait tout de même plusieurs, mais Tifa n'était pas du tout impressionnée. Elle aperçut du coin de l'oeil Oniria qui fit subitement apparaître une superbe épée gothique dans ses mains. Intéressant, Tifa ne s'était pas trompé sur les abilités hors du commun de cette fille. Mais bon, le moment n'était pas bien choisi pour analyser ces compagnons improvisés. Tifa sortit rapidement une paire de gants de cuir qu'elle enfila instantanément. Elle reporta son attention sur Imki et Oniria...

"J'espère que vous pouvez vous défendre..."

Ce fut tout ce qu'elle leur dit avant de s'élancer à toute allure vers les orcs qui eux aussi fonçaient sur eux. Elle dégomma le plus près d'un puissant et violent coup de poing en plein visage, puis envoyant un coup de pied a la tête d'un deuxième...

Imki commençait à comprendre de plus en plus. Ainsi, pendant qu’il était partit faire cueillette, la femme était rentrée chez elle et était tombée sur la horde de gobelins qu’il y avait aux étages supérieurs, ce qui expliquait sa chute du sommet de la tour... De plus, savoir que la femme était uniquement en visite le soulageait, car il avait moins l’impression de s’être approprié un territoire qui n’était pas le sien. Quelque chose continuait cependant de le chiffonner. Visiblement, la femme avait vaincu les créatures, mais il manquait quelque chose à l’équation qui ne lui inspirait rien de bon. Ses pensées se tournèrent vers une des ses nombreuses lectures qu’il avait eu au monastère.
- Heu... Pardonnez-moi, miss Oniria, mais... Les gobelins ne sont-ils pas dépendants des crétures plus puissantes, comme par exemple des orques?
Comme pour répondre à ses hypotèses, c’est à ce moment même que surgirent une bande de ces monstres barbares, aussitôt repèrés par les deux femmes.

Oniria fit aussitôt apparaître une magnifique épée dans ses mains, alors que l’autre fonçait déjà tête première à la rencontre des ennemis. Imki fut frappé par une telle témérité, pour découvrir bien vite que la femme avait un don certain pour les arts martiaux. Mais voilà : le jeune homme ne savait rien dans l’art du combat. Absolument rien. Un jeune homme normal aurait, par orgueil, fait son possible pour se défendre. Mais lui était un magicien du Zlinf, avec des valeurs totalement différentes. Et l’une d’elle, la plus importante, était le pacifisme. De toute manière, même avec une soupe chaude dans le corps, il était encore tellement faible… La seule chose qu’il pouvait faire d’utile, pour le moment, c’était fuir. Courir se mettre à l’abri où il pourrait ensuite réfléchir à un plan. Le bol tomba au sol avec fracas alors qu’il se levait brusquement. Puis, titubant plus qu’il ne courait, il se dirigea vers un lieu sûr. Après tout ce temps passé dans ces ruines, Imki connaissait parfaitement chacun de ses recoins et savait où se cacher. Pourvu qu’il puisse atteindre son refuge avant d’être rattrapé par…

Trop tard.

La dernière fois qu’Oniria avait dû se battre physiquement sans aucun pouvoir comme aujourd’hui, c’était il y a plusieurs années. Comme maintenant, elle avait sous-estimé ses ennemis et s’était fait prendre en embuscade peu de temps après. Par chance, un groupe de rôdeurs l’avaient aidés à se sortir de là. Cette fois-ci elle avait moins de personne pour lui porter secours, mais en voyant Tifa se battre, elle se dit qu’elle n’aurait pas à s’en faire. La femme était capable de battre ces monstres grâce à la seule force de ses poings et de ses pieds, elle avait eu bien raison de se montrer prudente avec. Mais maintenant elles étaient du même côté, du moins pour l’instant. Personnellement, l’adrénaline avait déjà conquit le corps d’Oniria quand le premier orque arriva près d’elle. Ça ne la rendrait pas meilleure à l’épée, mais elle serait plus résistante et plus rapide. Un échange de coups lui serait défavorable, il fallait donc qu’elle les abatte avant qu’ils ne frappent. La tactiques des orques était de charger puis ensuite de décider quoi faire. C’est grâce à cela qu’elle réussi à enfoncer sa lame dans le cœur du premier, qui semblait particulièrement fort, mais pas assez rapide pour éviter les attaques de même les plus faibles combattants. Elle s’élançait vers sa deuxième cible lorsqu’elle vit qu’une de ces horribles brutes avait rejoins le jeune Imki. Elle ne pouvait le laisser se faire tuer. De plus, l’orque était de dos, il serait facile à tuer. D’un simple mouvement, elle fit pénétrer sa lame entre les côtes de la brute, le tuant sur le coup.

-Enfui toi, Imki! Tu n’auras pas d’autres chances, alors profites-en!

Puis, elle se retourna pour faire face aux autres orques. Elle les attendait de pied ferme.

[Je rajoute un peu de piquant Wink

)

Pendant que Tifa combattait aisément les créatures, elle aperçut du coin de l'oeil Imki qui tentait de fuir. Elle ne pu s'empêcher de penser qu'il n'était qu'un bon à rien et qu'il ne survivrait pas longtemps. Pour elle, ce qui était le plus important était d'être capable de se défendre soi-même, être capable de sauver sa propre peau. Mais bon, elle intérompu ses pensées à ce sujet. Oniria venait de sauver le magicien et s'était par la suite retournée pour poursuivre le combat. Aucun orc ne parvenait à s'approcher de Tifa. Tous, l'un après l'autre, se retrouvaient sur le sol pour la plupart mort. Tifa dégomma un autre orc avant de se replier aux côtés d'Oniria en observant les orcs qui semblaient marquer une pose momentanée dans leur assaut...

"Tu te bas bien...mais je crains que le combat ne pas aussi simple...les orcs ne viennent jamais seuls..."

Aussitôt sa phrase fut-elle terminée que les orcs se séparèrent en deux groupes. Lentement, d'entre les deux groupes, arriva un orc plus bâtit que les autres et beaucoup plus laid et menaçant. Mais ce qu'il traînait, attaché à une "laisse" était beaucoup plus effrayant que quoi que se soit d'autre. Une créature de la taille d'un humain, ressemblant à un loup-garou plus canin qu'autre chose, avançait à pas feutré sur le sol de la tour...

Peur. Peur paralysante. La lame qui taillait la chair, le sang qui gicla sur son yukata, l’orque qui s’effondrait à terre… mort. Ce mot lui résonnait dans la tête alors qu’il levait les yeux vers celle qui l’avait sauvé… et avait tué. Oniria. Elle lui parla mais il ne compris rien. Mort. Mort. Mort. Il pris la fuite, trébucha une ou deux fois, avant d’arriver enfin à sa cachette. Là, il eu un haut-le-cœur et se vida du peu que contenait son estomac. Dire que pourtant, il a peu, il avait enfin réussit à manger autre chose que des herbes. Mais il n’avait pas pu s’en empêcher. Jamais il n’avait vu quelqu’un enlever la vie, que ce soit celle d’un homme ou d’une créature démoniaque. Et jamais il n’avait cru que cela l’ébranlerait à ce point. Recroquevillé sur lui-même, tremblant comme une feuille mais en sécurité, le magicien tenta de calmer sa respiration avant de risquer un coup d’œil sur le combat. Son cœur manqua un battement. Cette… chose... Elle allait ne faire qu’une bouchée de Tifa et Oniria! Un cliquetis de chaîne et la bête fut relâchée. Aussitôt, la créature s’élança vers l’une des deux femmes, la bave aux lèvres, poussant les orques hors de son passage, allant jusqu’à en tuer un ou deux en cours de route.
Bouge, Imki! Elles sont peut-être fortes, mais elles ne font pas le poids face à ça! Allez, Imki, BOUGE!
Sa main se leva, et avec le peu de force qu’il avait récupéré, exécuta un sort de télékinésie. Un craquement sourd, des pierres qui se détachent du plafond, chutent, grand fracas, nuage de poussière.

Un long silence angoissant, brisé soudainement par les toussotements du magicien. La poussière retomba peu à peu, dévoilant un champ de pierre où se tenaient debout, indemne, les deux femmes. Imki se hissa péniblement hors de sa cachette et tituba jusqu’à elles.
- Vous allez bien… Un instant, j’avais eu peur de mal avoir contrôlé mon sort et vous avoir touché... Désolé pour avoir détruit une partie de votre tour, rajouta-t-il a l’adresse de l’adolescente.
Une fraction de seconde, leur regard se croisèrent. La scène de la mise à mort de l’orque l’assaillit aussitôt et il abaissa aussitôt les yeux au sol. Mauvaise idée. Dans son champ de vision, une main sans vie émergeait des gravas. Tuer. Il avait tué. Lui aussi. Second haut-le-cœur, qu’il réussi à retenir sans trop qu’il le laisse paraître. Il releva vivement la tête, fixant un point imprécis au-dessus de l’épaule de Tifa, évitant ainsi toute vue sanglante. Mais à peine avait-il levé les yeux qu’il blêmit soudain.
- Je crois bien que ce n’est pas fini…
Dans un grondement assourdissant, la bête, encore vivante, émergea des gravats.

Oniria trembla légèrement en voyant la créature avancer vers elles. Sans ses pouvoirs, elle ne pourrait rien faire contre ça. Tout de même, elle se mit en positions de combat. Elle défendrait chèrement sa vie. S’ils n’avaient jamais vu de fille en colère, ils seraient surpris. Oui, ils seraient surpris, surpris de la sauvagerie qu’une fille des cauchemars peut atteindre, de l’originalité des méthodes pour faire souffrir qu’elle connaît. S’ils voyaient la profondeurs des cruautés qu’elle avait fait subir aux personnes qui l’avaient enragés, ils se considèreraient comme des anges. Elle ne les laisserait pas blesser ces personnes qu’elle venait juste de rencontrer, qui lui rappelaient tant sa famille. Non, personne ne souffrirait aujourd’hui, sauf ces créatures, ses profanateurs. Puis, elle entendit un craquement sourd.

Avant même de voir les pierres tomber, elle le ressentit. Cette tour était tellement imprégnée d’énergies oniriques rémanentes, dont les siennes, que c’était un peu comme si une partie de sa vie venait d’être tombée. Elle vit les rires, les pleurs, les passions s’écrouler tout comme les briques de la tour qu’elle connaissait si bien. Elle vit les 73 ans qu’elle avait vécu dans cette tour s’effondrer comme si ce n’était qu’un château de carte. Une partie d’elle-même sembla la quitter, une partie de l’essence même des oniromanciens. Son cœur sembla arrêter de battre dans sa poitrine. Tous ses muscles, tous ses os se mirent à souffrir comme si le poids des années qu’elle avait évité depuis si longtemps s’était enfin fait ressentir. Elle était en état de choc, incapable de voir les rochers tomber directement vers elle. Elle serait peut être morte écrasée comme un vulgaire insecte si un évènement qui changerait le reste de sa vie ne se serait pas produit.

Une lumière blanche passa devant leurs yeux. Non, une ombre. Elle ne savait plus, la différence étant trop faible. Mais ce qu’elle savait, c’est qu’elle savait ce que c’était. Quelque chose qu’elle pensait disparu à tout jamais. Quelque chose qu’elle n’avait pas ressenti dans le vortex mais qui aurait dû y être. Quelque chose qui, maintenant, était en train de la sauver, elle, et en même temps Tifa, qui se tenait juste à côté d’elle. C’était comme si la simple présence de cette ombre, ou de cette lumière, peu importe, faisait que les rochers tombaient exactement autour d’elles. Puis la chute s’arrêta, et au même moment la présence s’évanouit aussi.

Oniria se retourna vers Imki lorsqu’il se mit à parler. Alors, c’était lui qui avait causé tout cela. Qui avait détruit une partie de sa propre vie. Elle se foutait qu’il ait fait ça pour les sauver, elle ne pouvait le tolérer. Elle s’avança, le pris par le collet, puis le leva du sol, comme s’il ne pesait rien.

-Salaud! Comprends-tu ce que tu viens de faire? C’était plus qu’une tour pour moi!

Alors, la créature refit surface. Ce n’était vraiment pas le moment. Elle laissa tomber le jeune homme au sol. La seule bonne chose qui était sorti de l’éboulement, c’était que les émotions qu’elle avait ressenties lui avaient fait récupérer une partie de son énergie. Elle fit s’accumuler plus de matière onirique dans la lame, la faisant passer de courte à longue. Puis, elle fit passer de l’autre côté du miroir l’image d’un rêve, donnant l’illusion que le paysage autour d’elle était devenu comme flou, irréel. De plus, la rage qui l’habitait un peu plus tôt était revenue.

Quelques chose que Tifa ne comprenait pas venait de se produire. Une partie de la tour s'était inexplicablement écroulée, ensevlissant les orcs et la bête en quelques secondes. Mais les rochers auraient du écraser Tifa et Oniria, mais Tifa avait perçu du coin de l'oeil une présence étrange, comme une ombre, et elle l'avait ressenti jusque dans ses entrailles. Puis quelques instants plus tars, la présence était disparue aussi vite qu'elle était arrivé. Mais Tifa n'eut pas le temps de continuer à se questionner puisque qu'Imki venait de révéler qu'il était l'auteur de cet semi destruction. Rapidement, Oniria l'avait saisit par le colet et l'avait soulevé du sol pour le laisser retomber presque aussitôt. La créature fesait surface des débris en poussant un hurlement lugubre et se remit rapidement sur pieds. Tifa se remit en position de combat, ne portant plus attention aux deux autres, mais sentant une force immense émerger d'Oniria...

"Nous allons devoir combattre comme jamais auparavant...ces créatures sont difficilement arrêtable..."

À peine avait-elle finit de prononcer ces mots qu'elle était déjà rendu à mi-chemin entre Oniria et la bête. Arrivé à seulement quelques pieds de la créature, Tifa bifurqua rapidement, pour se retrouver sur le côté droit de la bête. Elle lui envoya un violent coup de poing droit sur la tempe, suivit d'un coup de pied dévastateur qui envoya la bête quelques mètres plus loin...

L’instant suivant celui où la bête était tombé, Oniria apparut au dessus de lui. Elle avait utilisé comme catalyseur son illusion onirique pour rendre ses déplacements dans les rêves plus précis dans le monde réel. Se propulsant du monde des rêves à la réalité, son coup d’épée en serait plus puissant. Mais la créature était rapide. Elle évita sans trop de mal cette attaque malhabile, se releva prestement puis contre-attaque brusquement. Elle était aussi forte que rapide, Oniria n’avait aucune chance dans un tel corps à corps, surtout à son niveau. Il lui faudra plus de ruse. Laissant s’écouler sa rage en bloquant du mieux qu’elle pouvait les attaques sauvages du monstre. Puis ses idées tout à fait claires de nouveau, elle dit :

-Tifa! Occupe t’en pendant un moment, je vais tenter quelque chose!

Elle disparu un instant, réapparaissant un peu plus loin, en hauteur sur les débris de la tour. Puis, elle fit disparaître son épée. Elle n’en aurait plus besoin pour l’instant, autant se concentrer sur autre chose. Pour réussir ce qu’elle voulait faire, il lui fallait une distraction. Elle affirma légèrement son pouvoir sur l’illusion, façonnant deux images floues de Tifa, et la rendant indistincte de ses doubles. Puis, elle commença à rêver…

Vidé de toute énergie, Imki se demandait encore comment il avait réussi, pour la seconde fois du combat, à rejoindre sa cachette. Marcher, voir même bouger, lui semblait soudain un effort surhumain. Blottit en position fœtal dans son abris de fortune, le magicien résistait à l’envie de sombre dans les paisibles ténèbres de l’inconscience. Utiliser ce qui lui restait de magie pour écrouler une partie de la tour, d’accord, il pouvait encore tenir debout encore un peu. Mais la démonstration de fureur de l’adolescente (le saisir par le collet et manquer l’étrangler pour ensuite le poser, ou plutôt, carrément jeté au sol) l’avait presque achevé. Ses yeux vitreux regardèrent le combat du monstre canin contre Tifa, cette dernière se débrouillant admirablement bien et faisant preuve d’une témérité ahurissante… et voir même, inquiétante. Mais le jeune homme était plus que soulagé de la savoir dans son camp, et après l’avoir vu combattre, n’avait plus qu’une vague inquiétude pour elle.

Le corps de la femme devint soudain étrangement flou, et Imki vit deux clones s’ajouter à elle dans son combat contre la bête. Un sort de la femme? Ou plutôt… Un sort d’Oniria? Cette dernière hypothèse était sûrement la bonne, car cette dernière s’était éloignée de la bataille, sûrement pour être à l’abri pendant qu’elle utilisait sa magie. Le jeune homme sentit un frisson lui parcourir l’échine et un faible gémissement s’échappa de ses lèvres alors que son regard noisette se posait sur la jeune fille. Oniria… Comme il avait soudain… monstrueusement peur d’elle.

Tifa restait à quelques mètres de la bête enragée. Elle avait bien vu Imki retourner pitoyablement vers sa cachette. Elle pouvait ressentir de la peur dans chancun de ses mouvements, et elle sentait également qu'il était près de l'inconscience. Mais aucune importance, elles devaient maintenant descendre la bête le plus rapidement possible. Soudain, Oniria fit usage de son étrange magie, et Tifa vit deux doubles se former à ses côtés. Elle remarqua rapidement, que non seulement, les doubles d'elle étaient parfaits, bien que flous, mais elle l'était également, la rendant totalement indistincte de ses clones. La bête s'immobilisa, ses yeux se plissèrent légèrement. Elle regardait, en alternant rapidement, les trois Tifa qui se tenaient devant elle. Tifa ne fit rien, attendant voir ce qui se passerait, et espérait qu'Oniria savait ce qu'elle faisait, sinon elle ferait comme elle le voudrait...